Néanmoins,
l'armée congolaise et les groupes armés rivaux qui se disputent le pouvoir dans
certaines régions de l’Est de la RDC voient depuis des décennies le contrôle
des mines et le commerce des minerais comme une source vitale de revenus. De
même que la mauvaise gouvernance observée en RDC et dans les pays voisins, le
commerce des minerais congolais contribue à de violents conflits et à de graves
violations des droits humains.
En vue
d'améliorer la gouvernance du secteur, les gouvernements des pays de la région,
les Nations Unies, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs
(CIRGL) et l’Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE), en consultation avec les acteurs de l’industrie et de la société
civile, ont élaboré de nouveaux principes directeurs et procédures il y a plus
de dix ans. Parmi ces procédures, la création de mécanismes de traçabilité qui,
parallèlement à la validation gouvernementale des mines, visent à établir un
approvisionnement en minerais « libres de conflit » et extraits de façon
responsable.
Dans le présent
rapport, Global Witness a compilé des preuves démontrant que l'un des principaux
mécanismes de contrôle utilisés dans l’industrie pourrait en fait faciliter le
blanchiment de minerais en provenance de mines contrôlées par des milices, ou
produits grâce au travail d’enfants. Ce mécanisme, auquel de nombreuses
sociétés internationales font confiance pour s'approvisionner de façon
responsable, serait également utilisé pour blanchir des minerais de contrebande
ou faisant l’objet de trafics.
Notre rapport
s'appuie sur des recherches de terrain dans plus de dix zones minières à travers
le Nord et le Sud-Kivu en RDC, sur des entretiens menés avec plus de 90 membres
du gouvernement, du secteur minier, de la société civile et du monde
universitaire, et sur des dizaines de vidéos filmées par des chercheurs locaux
et que Global Witness a pu consulter. Le résultat de cette enquête corrobore
les observations d'autres organisations fiables, comme l’ONU et l’institut de
recherche belge International Peace Information Service (IPIS).