Press release | 14 Mars 2019

Une nouvelle enquête de Global Witness révèle que dix entreprises européennes pourraient importer vers l’UE du bois congolais illégal représentant plusieurs millions d’euros

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Un nouvel exposé révèle que dix négociants de l’UE importent du bois provenant d’IFCO (Industrie Forestière du Congo), une compagnie forestière de la République démocratique du Congo accusée d’ignorer les législations forestières et le code du travail.
  • En plus de représenter un véritable danger pour les forêts humides qui jouent un rôle clé dans la régulation du climat, de tels agissements pourraient constituer une atteinte directe au Règlement Bois de l’Union européenne, législation historique qui donne lieu à l’imposition de peines sévères.
  • Ces entreprises européennes, qui ont introduit sur le marché européen du bois illégal ou à haut risque d’illégalité d’une valeur de 2 millions d’euros, devraient s’abstenir de s’approvisionner auprès d’IFCO tant que ces manquements manifestes à la législation n’ont pas fait l’objet d’une enquête.
  • Global Witness exhorte par ailleurs les autorités françaises, italiennes, espagnoles, polonaises, portugaises et belges à prendre des mesures sans plus tarder et à faire observer le Règlement Bois de l’UE.
  • L’analyse des images satellitaires effectuée par Global Witness montre qu’IFCO a opéré de manière illégale en dehors des périmètres autorisés et qu’elle a exploité la forêt à grande échelle alors que les autorités provinciales avaient suspendu ses opérations.

Jeudi 14 mars 2019 – Un nouvel exposé de Global Witness révèle aujourd’hui que dix entreprises européennes pourraient porter atteinte à une législation importante de l’UE visant à lutter contre l’exploitation forestière illégale.

L’ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption met en évidence la manière dont des négociants de six États membres de l’UE pourraient porter atteinte au Règlement Bois de l’Union européenne (RBUE) en achetant du bois à Industrie Forestière du Congo (IFCO), une compagnie qui ignore la législation forestière de la République démocratique du Congo (RDC).

Cette note d’analyse indique qu’IFCO, deuxième exportateur de bois de la RDC, a opéré en dehors des périmètres autorisés. En 2018, la société a également exploité la forêt à grande échelle alors que les autorités provinciales avaient suspendu ses opérations pour atteintes aux législations forestières et au code du travail.

Elle montre aussi qu’en 2018, des entreprises basées en France, en Belgique, au Portugal, en Espagne, en Italie et en Pologne ont au total introduit sur le marché de l’UE plus de 1 400 m3 de bois à haut risque provenant d’IFCO, d’une valeur approximative de 2 millions d’euros, et ce, en à peine cinq mois.

IFCO, société créée il y a peu, a hérité des droits d’exploitation et des opérations qui appartenaient à Cotrefor, compagnie forestière notoire accusée de plusieurs activités illégales. Cotrefor aurait également été liée à un conglomérat libanais figurant sur une liste de sanctions établie par le Trésor américain au motif qu’il financerait le Hezbollah.   

En vertu du RBUE, les entreprises doivent pouvoir démontrer qu’elles ont pris des mesures concrètes pour réduire le risque que le bois importé dans l’UE ait été extrait dans l’illégalité. Les clients européens d’IFCO énumérés dans le document d’information sont les suivants :

  • Exott, Belgique
  • TimTrade, Italie
  • Edwood, France
  • Angot Bois, France
  • JAF Polska, Pologne
  • France Noyer, France
  • Interarrod, Portugal
  • Timbearth, France
  • Carbon Market Timber, France

En outre, d’importantes quantités de bois provenant d’IFCO ont été expédiées vers le port de Valence (Espagne) en août 2018. Ces expéditions semblent avoir été facilitées par un agent espagnol opérant dans le secteur bois. Contacté par Global Witness, cet agent a rigoureusement nié avoir été l’importateur de ce bois. Global Witness est actuellement en contact avec les autorités espagnoles pour solliciter une enquête. 

Colin Robertson, chargé de campagne pour Global Witness, a déclaré :

« Le Règlement Bois de l’UE est en vigueur depuis plus de six ans, et pourtant voici un nouveau cas où du bois illégal ou à haut risque d’illégalité aboutit dans des ports de l’UE, visiblement sans que les autorités ne l’aient contrôlé.

L’exploitation forestière illégale contribue fortement au changement climatique, et une application insuffisante de la législation risque de nuire aux efforts consentis par l’UE pour lutter contre ce phénomène. Il est également important que les entreprises se penchent de bien plus près sur leurs chaînes d’approvisionnement et qu’elles s’assurent de ne pas prendre part à un commerce de bois coupé dans l’illégalité.

Les activités illégales que notre note d’analyse met aujourd’hui en lumière suggèrent qu’on ne saurait compter sur IFCO – ou sur son prédécesseur Cotrefor – pour respecter les législations congolaises. Les entreprises importatrices de bois d’IFCO dans l’UE devraient sérieusement s’en inquiéter. »

/ Fin

Contacts

Infos pour les journalistes:

  • ENTRETIENS : Des entretiens sont accordés en anglais et en français sur demande. Veuillez adresser un courriel à [email protected] ou appeler le 0044 7828 505 758 pour convenir d’un rendez-vous.
  • Exposé : Une copie de l’exposé sous embargo peut être transmise sur demande. Veuillez envoyer votre demande par courriel à [email protected].
  • Le rapport « Unsanctioned Trade » publié par Global Witness en 2017 démontre que Cotrefor, deuxième exploitant forestier en RDC derrière la Sodefor, était contrôlée par un conglomérat libanais, Congo Futur, qui figure sur une liste de sanctions américaine visant des entités liées au terrorisme.
  • A propos de Global Witness : Global Witness enquête et fait campagne pour changer le système en exposant les réseaux économiques qui soutiennent les conflits, la corruption et la destruction de l’environnement.
RECOMMANDATIONS :
  • Les négociants européens qui importent du bois provenant d’IFCO doivent s’assurer, dans le cadre de leur diligence raisonnée, d’enquêter sur les activités illégales spécifiques exposées dans cette note et y apporter une réponse. S’ils ne parviennent pas à éliminer le risque que ces activités illégales se poursuivent, ils devraient stopper tout achat de bois à IFCO afin d’éviter de se voir imposer de lourdes peines au titre de la législation européenne sur le bois.
  • En outre, tous les négociants qui traitent avec IFCO devraient s’atteler à limiter le risque que cette société entretienne des liens financiers durables avec l’empire commercial de la famille libanaise Tajideen, dont certains membres apparaissent sur une liste de sanctions publiée par le Trésor américain en raison du soutien financier qu’ils apportent au Hezbollah. Pour réduire ce risque, les négociants en bois devraient réclamer la pleine divulgation de l’identité des propriétaires réels d’IFCO.  
  • Les autorités forestières de la RDC devraient enquêter sur les activités d’IFCO en 2017 et 2018. Elles devraient chercher à déterminer dans quelle mesure la société a exploité la forêt en dehors des périmètres autorisés et si elle a enfreint la loi en ignorant la décision des autorités provinciales de suspendre ses activités.

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