Dans une nouvelle enquête en infiltration, Global Witness montre comment les trafiquants de diamants cherchent, en utilisant des plateformes de réseaux sociaux, à exporter illégalement des diamants associés au conflit violent qui persiste en République centrafricaine (RCA) et les acheminer sur les marchés internationaux.
Le rapport « Une Chasse aux Pierres » révèle comment des marchands centrafricains se servent des outils de l’économie numérique—de Facebook à WhatsApp—pour trouver des partenaires internationaux et échapper au peu de contrôles dont les marchés internationaux du diamant font l’objet.
Se faisant passer pour un négociant de diamants, Global Witness a infiltré le milieu interlope des négociants, des trafiquants et des intermédiaires qui font des affaires en RCA. Cette enquête, d’une année de travail, a mis en évidence la manière dont les affaires et les accords sont conclus, malgré les violences permanentes et les déplacements de population qui caractérisent ce pays riche en diamants.
« Dans un pays pauvre et fragile où la richesse en diamants devrait profiter à la population civile, une part trop importante des bénéfices atterrit en réalité dans les poches de ceux qui contribuent à attiser le conflit », a déclaré Aliaume Leroy de Global Witness. « Il est essentiel que le commerce des ressources naturelles centrafricaines tienne une place aussi prépondérante dans les efforts destinés à établir la paix, que le rôle de premier plan qu’elles ont joué en alimentant le conflit », a-t-il ajouté.
Global Witness a réussi à obtenir un accès sans précédent aux individus qui sortent en contrebande des diamants de la RCA. Les vendeurs et les intermédiaires procèdent d’abord en « taguant » des acheteurs prospectifs dans des publications sur Facebook, puis se servent des services de messagerie privée pour établir des relations et négocier des marchés.
Le Processus de Kimberley—l’organe international établi pour rompre le commerce des diamants de conflit—met actuellement à l’épreuve une réponse nouvelle et innovante au commerce des diamants de conflit provenant de la RCA. Après avoir suspendu l’intégralité du commerce des diamants centrafricains pendant plusieurs années, le Processus a récemment annoncé une « levée partielle » de cette suspension afin d’autoriser le commerce provenant de certaines zones déclarées « conformes » par des observateurs.
« La RCA est justement le cas de figure pour lequel le Processus de Kimberley a été instauré », a précisé Michael Gibb de Global Witness. « Elle montre parfaitement qu’à lui seul, le Processus est incapable de venir à bout de la persistance du commerce des diamants de conflit. Les entreprises de diamants doivent davantage assumer leurs responsabilités envers l’instauration d’un secteur qui empêche les biens mal acquis d’atteindre les marchés internationaux », a-t-il ajouté.
Les conversations qu’a eues Global Witness avec des contrebandiers de diamants lors de son enquête mettent en évidence les dangers et les risques potentiels de cette initiative ambitieuse. Les diamants continuent de circuler en toute facilité au sein du pays, ainsi qu’au-delà de ses frontières internationales. Par ailleurs, d’importants stocks de diamants achetés pendant le conflit sont conservés dans les bureaux de maisons de négoce en attendant l’opportunité de pouvoir faire oublier leur passé tourmenté et de rejoindre les marchés internationaux.
« Il est indéniable que la RCA a besoin d’un commerce de diamants, mais elle a surtout besoin d’un commerce de diamants plus responsable», a déclaré Leroy. « Cela fait trop longtemps que les ressources centrafricaines sont pillées par ceux qui occupent le pouvoir, ou aspirent à s’y trouver. L’instabilité actuelle doit inciter à la prudence, et non être considérée comme une nouvelle opportunité commerciale », a-t-il conclu.
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Contacts
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Aliaume Leroy
Infos pour les journalistes:
- Des éléments liés à cette enquête, tels qu’une carte interactive d’un réseau social présentant des connections entre des personnes, des photos, et des enregistrements sonores, sont disponibles sur demande.
- La version intégrale du rapport et une carte interactive des voies de contrebande peuvent être consultées ici : https://www.globalwitness.org/chasseauxpierres
- Le rapport de Global Witness de 2015 sur le rôle du bois dans le conflit centrafricain peut être consulté ici : https://www.globalwitness.org/en/reports/boisdesang/
- De plus amples renseignements sur les précédents travaux de Global Witness consacrés aux liens qui existent entre le commerce de minerais et les conflits peuvent être consultés ici : https://www.globalwitness.org/fr/campaigns/conflict-diamonds/
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