Une nouvelle enquête de Global Witness révèle comment Denis Christel Sassou-Nguesso, fils du président kleptocrate de la République du Congo, semble avoir détourné plus de 50 millions de dollars de fonds publics pour financer son train de vie luxueux.
Lisez l'intégralité de l'enquête, « Blanchisserie Sassou-Nguesso : une affaire d'État congolaise Partie II » ici.
6 août 2019, Londres – Denis Christel Sassou-Nguesso, le fils du Président de la République du Congo, aurait détourné plus de 50 millions de dollars du Trésor congolais pour financer son mode de vie opulent. Global Witness révèle aujourd'hui dans une nouvelle enquête que l'argent aurait été acheminé à travers six pays européens, ainsi qu'à travers les États-Unis et les Îles Britanniques.
L'enquête rapporte que José Veiga, un homme d'affaires controversé qui est au centre d'une enquête portugaise sur la corruption et le blanchiment d'argent au Congo, aurait joué un rôle clé au sein de cette affaire. Denis Christel Sassou-Nguesso et José Veiga auraient mis en place un système présumé de blanchiment d'argent en utilisant des juridictions secrètes, des sociétés fictives et un faux contrat de travaux publics pour dissimuler l'origine des fonds.
Cette manœuvre, découverte par Global Witness, reflète le modèle et la structure d'un arrangement utilisé à peu près à la même époque par la sœur de Denis Christel Sassou-Nguesso, Claudia Sassou-Nguesso. En plus d'être la fille du Président congolais, Claudia Sassou-Nguesso est responsable de la communication présidentielle et, comme son frère, est membre du parlement congolais.
Comme Global Witness l'a révélé en avril 2019, Claudia Sassou-Nguesso aurait détourné près de 20 millions de dollars de fonds publics et en aurait utilisé une partie pour acheter un appartement de luxe dans le Trump International Hotel and Tower à New York.
« Nos enquêtes sur les frères et sœurs Sassou-Nguesso fournissent des preuves édifiantes sur la manière dont ils ont détourné plus de 70 millions de dollars des coffres de l'État », a déclaré Mariana Abreu, Chargée de Campagne de Global Witness.
« Les Sassou-Nguessos sont connus pour leur style de vie luxueux. Vu les salaires relativement bas des fonctionnaires au Congo, il est fort probable que les fonds destinés à ces dépenses extravagantes proviennent, au moins en partie, de fonds publics volés qui auraient dû être utilisés pour améliorer la vie des citoyens congolais. »
Les documents examinés par Global Witness retracent l'extorsion de plus d'un demi-milliard de dollars du Trésor congolais et le transit de sommes de plusieurs millions de dollars, représentant au total plus de 50 millions de dollars, par des sociétés dans l'État américain du Delaware et les Îles Vierges Britanniques, avant d'atteindre Chypre. Les entreprises chypriotes secrètement détenues par Denis Christel Sassou-Nguesso ont reçu de l'argent, que celui-ci a ensuite utilisé pour effectuer des paiements à des entreprises installées en Pologne, au Portugal, en Espagne et en Suisse.
Mariana Abreu a déclaré : « En retraçant le parcours de l'argent, nous avons constaté qu'il avait été acheminé à travers de nombreuses juridictions telles que l'Union Européenne et les États-Unis, qui s'enorgueillissent d'avoir des réglementations solides en matière de lutte contre le blanchiment d'argent. »
Ce flux d'argent détourné à travers les continents met en évidence d'importantes failles dans le système financier mondial, qui est censé prévenir la corruption et le blanchiment d'argent. Ces failles permettraient aux élites kleptocrates de voler leur peuple et de profiter du butin de leurs gains mal acquis à l'étranger.
Cette corruption à grande échelle a un impact humain dévastateur. « Alors que la famille présidentielle congolaise semble extorquer des millions de dollars des fonds publics, un tiers de la population congolaise vit en dessous du seuil de pauvreté », rajoute Mariana Abreu.
« Ce stratagème présente toutes les caractéristiques du blanchiment d'argent. Toutes les juridictions impliquées doivent s'attaquer d'urgence aux moyens par lesquels les sociétés écrans déplacent des fonds sans aucune difficulté et sans avoir à répondre à des questions sur leur provenance ou leur légitimité malgré de multiples signes de corruption. »
Depuis 2010, les procureurs français poursuivent les actifs des Sassou-Nguessos sur le motif que ceux-ci auraient été acquis par détournement de fonds publics et blanchiment d'argent.
Global Witness appelle les pays européens, les États-Unis et les Îles Vierges britanniques à promulguer des exigences officielles, et à les appliquer intégralement, de façon à divulguer publiquement qui détient et contrôle toutes les sociétés implantées sur leurs territoires.
Global Witness a rédigé et envoyé des questions à Denis Christel Sassou-Nguesso, à l'avocat de José Veiga, ainsi qu'au porte-parole du gouvernement congolais, en demandant des commentaires sur les informations et les allégations exposées dans l'enquête. Aucune des parties n'a répondu quant aux allégations qui leur ont été soumises pour observation dans le délai imparti. Nous avons également écrit aux entreprises concernées et l'intégralité des réponses se trouvent dans le rapport.
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Infos pour les journalistes:
- Vous pouvez lire l'intégralité de l'enquête réalisée par Global Witness ici.
- Consultez notre enquête précédente sur l'acquisition d'un des luxueux appartements de Trump par Claudia Sassou-Nguesso.
- Consultez notre enquête précédente sur l'implication de José Veiga dans des transactions pétrolières au Congo.
- Denis Christel Sassou-Nguesso est une figure puissante au Congo. En plus d'être le fils du Président et l'un des candidats vedettes pour la succession présidentielle, il est élu membre du Parlement congolais et ancien directeur adjoint de la société pétrolière d'État, la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC).
- Le Congo est gouverné par Denis Sassou-Nguesso, quatrième dans la liste des dirigeants exerçant les plus longs mandats au monde. Cette corruption, généralement opérée autour de licences pétrolières, dans le cadre de projets d'infrastructure et de marchés publics, a alimenté de nombreuses dépenses du train de vie luxueux de la famille du président Sassou-Nguesso.
- L'enquête française est connue sous le nom de l'Affaire des Biens Mal Acquis et se poursuit actuellement.
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