Pourtant, plutôt que de
stimuler le développement, ces richesses ont attiré toutes sortes de prédateurs
– allant des groupes armés aux entreprises cow-boys.
La RDC enregistre l’un des PIB par
habitant les plus bas au monde en dépit de d’une série de contrats miniers
faramineux conclus ces dernières années et de l’accroissement de sa production
de minerais. Le pays figure également tout en bas de l’Indice de développement
humain 2014 de l’ONU.
La population congolaise
profite peu de ses ressources. Des millions de personnes vivent dans les forêts
du Bassin du Congo – la deuxième plus grande forêt tropicale du monde et le
deuxième poumon de la planète – et leur survie dépend de ces forêts. Mais
celles-ci sont menacées par les exploitants forestiers industriels.
Dans l’est du pays, des
groupes armés tirent profit du commerce des minerais en exploitant directement
les mines artisanales ou en prélevant des taxes illégales. Selon les estimations,
plus de la moitié des mineurs artisanaux de l’est du Congo travaillent dans des
mines où des groupes armés sont présents.
Depuis plus de dix ans, Global
Witness milite pour une gestion responsable des forêts, des diamants, de l’or
et autres ressources minérales du pays. Ces ressources devraient être gérées
dans l’intérêt du peuple congolais plutôt que de profiter principalement à
l’élite du pays, aux entreprises et aux factions belligérantes.
Global Witness a mené des recherches
influentes sur l’exploitation des ressources naturelles du Congo. Nous avons
contribué à dévoiler les ventes secrètes d’importants sites miniers via des
sociétés off-shore, dans le cadre desquelles le pays a perdu au moins 1,36
milliards de dollars américains entre 2010 et 2012. Cela représente près de deux
fois les dépenses annuelles du Congo dans le domaine de la santé et de
l’éducation. Nous avons également révélé comment les réserves de bois du Congo
sont acheminées clandestinement hors du pays, ce qui a débouché sur des saisies
dans les ports européens.
Nos travaux de recherche
sur les minerais des conflits ont contribué à susciter une réaction
internationale. En 2010, les États-Unis ont adopté un texte de loi historique, connu
sous le nom de Section 1502 de la loi Dodd Frank, lequel exige que les sociétés
cotées en bourse aux États-Unis exercent un devoir de diligence sur leurs
approvisionnements en minerais provenant du Congo et des pays limitrophes.
Plusieurs pays africains, dont le Congo et le Rwanda, disposent aujourd’hui
d’une loi obligeant les entreprises à procéder à des contrôles de leur chaîne
d’approvisionnement. La Chine a récemment élaboré ses propres lignes
directrices pour la responsabilité sociale de ses entreprises opérant à
l’étranger, y compris des mesures de diligences raisonables, et l’UE a proposé
un nouveau règlement relatif aux minerais provenant de zones de conflit.