La rébellion probablement la plus grave qui ait frappé l’est du Congo au cours des deux dernières décennies a connu son épilogue fin 2013 lorsque les troupes de l’armée congolaise, appuyées par une nouvelle ‘Brigade d’intervention’ des Nations Unies, a vaincu le groupe rebelle M23. Le M23 a fait son apparition en avril 2012 et au cours des vingt mois qui ont suivi, il s’est emparé de vastes zones du Nord-Kivu, occupant même brièvement Goma, une ville tentaculaire, capitale de la province.
Des divergences entre deux dirigeants du M23 ont fini par déboucher sur des luttes intestines et sur une division de ses 1 500 hommes. La plupart des dirigeants et des soldats ont par la suite trouvé refuge au Rwanda ou en Ouganda, deux pays voisins. Un processus de rapatriement est toujours en cours. Le dirigeant tristement célèbre Bosco Ntaganda a surpris les observateurs lorsqu’il s’est rendu afin d’être transféré à la Cour pénale internationale en mars 2013.
Plus récemment, le groupe rebelle ougandais ADF-NALU a été accusé d’une série d’atroces massacres de civils congolais dans le Nord-Kivu, où il est basé depuis qu’il a été chassé d’Ouganda au milieu des années 2000. En 2014, le gouvernement congolais et l’ONU ont discuté du lancement tant attendu d’opérations contre le reste des rebelles rwandais FDLR.
Les FDLR sont accusés d’avoir perpétré le génocide rwandais de 1994 et de terroriser l’est du Congo depuis qu’ils ont fui le Rwanda lors de l’arrivée au pouvoir du président actuel, Paul Kagame. Des opérations auraient commencé début 2015, bien que l’ONU ait suspendu son soutien pour protester contre le piètre bilan en matière des droits humains de deux généraux congolais en charge de la mission.
Selon les recherches publiées en 2014 par IPIS, un institut belge de recherche, plus de la moitié des mineurs congolais travaillent dans des mines où sont présents des groupes armés. Ces groupes, qui comprennent des éléments de l’armée congolaise, des Raïa Mutomboki et des Maï-Maï Sheka, tirent profit de la taxation illicite, de l’extraction de minerais ou d’une main d’œuvre forcée.
Les guerres cycliques qui déchirent l’est du Congo ont des effets dévastateurs pour la population. Bon nombre des groupes armés de la région, étrangers ou congolais, se livrent à des attaques brutales contre les civils afin d’étaler leur force et leur puissance. Même en l’absence de violence directe, les combats qui éclatent régulièrement entre les rebelles et les troupes gouvernementales forcent les familles à fuir de chez elles. Selon certaines estimations, la guerre impliquant le M23 aurait déplacé jusqu’à 800 000 personnes à l’intérieur des frontières.
Une grande partie de ces personnes ont fui les camps de réfugiés qui s’étaient remplis lors de précédents conflits ; elles n’avaient pas eu le temps de retourner chez elles avant que ne commence la bataille suivante. Cet incessant chaos a entravé le développement et la région se trouve privée de routes, d’écoles, d’hôpitaux et est incapable de répondre aux besoins essentiels tels qu’un logement décent. Alors que les combats se poursuivent, la perspective de voir l’argent des ressources naturelles sortir la population locale de la pauvreté paraît de plus en plus ténue.
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