En juillet 2016, nous avons publié le rapport « La Rivière d’or », qui mettait en évidence les liens entre des groupes armés, le commerce de l’or artisanal et les responsables publics du territoire de Shabunda, au Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo. Afin d’attirer l’attention d’un public Sud-Kivutien aussi large que possible sur les conclusions de ce rapport, nous avons également élaboré une mini-série d’émissions radio avec un journaliste local.
Vous pouvez écouter ces cinq émissions en français ci-dessous : chacune d’entre elles porte sur un aspect du rapport « La Rivière d’or », certains éclairages étant apportés par des membres de la société civile de Shabunda.
Notre rapport a suscité une vive émotion : immédiatement après sa parution, le ministre congolais des Mines a réclamé un « réel assainissement » du secteur minier artisanal chaotique du Sud-Kivu, y compris, d’une part, la poursuite en justice des responsables publics dont il s’avérerait qu’ils ont agi dans l’illégalité et, d’autre part, l’imposition de restrictions à l’entreprise impliquée, Kun Hou Mining. Kun Hu Mining a refusé de faire part de tout commentaire malgré les trois demandes que Global Witness lui a adressées.
Cette annonce a été rapidement suivie de la nomination d’une équipe d’enquête gouvernementale chargée de vérifier les conclusions du rapport « La Rivière d’or », enquête qui s’est soldée par la mise en détention à Kinshasa de quatre individus mentionnés dans notre rapport. Parmi ces individus figuraient Franck Menard, un ressortissant français, représentant de Kun Hou Mining, et John Tshonga, directeur du SAESSCAM, l’organisme chargé de superviser l’exploitation minière artisanale au Sud-Kivu. Le SAESSCAM a nié catégoriquement l’existence d’une collaboration entre ses agents et des groupes armés.
Fin novembre 2016, les trois Congolais en détention ont été libérés et, depuis, ils attendent de voir s’ils feront l’objet de mesures disciplinaires. Franck Menard est retourné en France sans inculpation.
Cette affaire montre que les efforts internationaux et nationaux consentis pour assainir les chaînes d’approvisionnement en minerais congolaises sont ignorés par certaines entreprises et par des responsables publics congolais, qui profitent de ce commerce de minerais illicite et nuisible. Il faut que cette impunité cesse. Le retard accusé par les élections présidentielles au Congo dominant les médias, le cycle d’impunité du pays pourrait très facilement se perpétuer. Il est essentiel d’en venir à bout, dans l’intérêt du Congo – et cela devra constituer une priorité du prochain gouvernement.
Nous continuerons de collaborer avec les partenaires de la société civile locale et internationale et d’autres entités pour veiller à ce que les parties impliquées dans cette affaire rendent compte de leurs actes.
La première émission présente le rapport « La Rivière d’or » et pose la question de savoir pourquoi la pauvreté persiste dans un territoire qui baigne littéralement dans la richesse.
La deuxième émission présente le réseau des acteurs prédateurs qui ont exploité l’or de Shabunda.
La troisième émission suit le parcours de l’or depuis le Congo jusqu’à sa destination, Dubaï.
Le Congo dispose d’une loi conçue explicitement pour empêcher le type de méfaits qu’expose le rapport « La Rivière d’or » – mais cette loi n’est pas appliquée. Des normes internationales ont également été élaborées dans le même but. La quatrième émission les présente.
La cinquième émission présente les mesures qui doivent prendre le gouvernement congolais, les entreprises qui opèrent dans son secteur minier artisanal et les gouvernements donateurs pour s’assurer qu’à l’avenir, l’or artisanal congolais profite aux populations et à l’État et non pas aux hommes armés et aux entreprises prédatrices.