Le plan du gouvernement ivoirien de créer temporairement une seule entité pour administrer la filière cacao n’assurera pas la transparence tant que les exportateurs de cacao ne publient ce qu’ils paient au gouvernement et à ses institutions, a déclaré aujourd’hui Global Witness.
Le gouvernement ivoirien a annoncé aujourd’hui que les quatre institutions gérant la filière ivoirienne du cacao vont être remplacées par une seule entité le temps que des réformes en profondeur soient complétées.
La Côte d’Ivoire est le plus gros producteur mondial de cacao pour l’industrie du chocolat. Global Witness a documenté comment les revenus du cacao ont joué un rôle clé dans le financement du conflit ivoirien depuis 2002.
“Le secteur du cacao de la Côte d’Ivoire a souffert d’un manque de transparence et de responsabilité depuis des décennies. Modifier le nombre d’institutions qui gèrent le secteur ne suffira pas à régler le problème,” déclare Patrick Alley, directeur de Global Witness. “Les compagnies exportatrices de cacao doivent aussi s’acquitter de leur part en publiant ce qu’elles paient au gouvernement ivoirien et aux institutions.”
En 2007, Global Witness a publié un rapport, Chocolat chaud : comment le cacao a alimenté le conflit en Côte d’Ivoire, qui révélait comment plus de 118 millions de dollars issus du commerce du cacao ont financé l’effort de guerre des deux parties dans le récent conflit armé en Côte d’Ivoire. Chocolat Chaud documentait également la tendance du secteur du cacao ivoirien à la mauvaise gestion des revenus, à l’opacité des comptes, à la corruption et au favoritisme politique.
En juin 2008, le Procureur de la République de Côte d’Ivoire a annoncé que 23 employés d’institutions nationales du cacao, certains d’entre eux des officiels de haut niveau, avaient été inculpés pour détournements de fonds et escroquerie à la suite d’une enquête. La plupart d’entre eux ont été arrêtés et sont actuellement en prison.
Depuis plus d’une année, Global Witness fait campagne pour davantage de transparence et de responsabilité de la part du gouvernement et des institutions de la filière cacao, ainsi que de l’industrie du chocolat.
Dans une initiative bienvenue en juin 2008, le gouvernement ivoirien a fait un premier pas pour adresser le problème en rendant public des données sur les revenus générés par les prélèvements sur le secteur cacao ainsi que sur leur utilisation.
Cependant, les compagnies qui achètent du cacao en Côte d’Ivoire ont manqué de réagir aux demandes de publier ce qu’elles paient aux institutions de la filière cacao et au gouvernement. Jusqu’à ce que l’industrie commence à publier de telles informations, les citoyens ivoiriens n’ont aucun moyen de vérifier si les données officielles sur les revenus du secteur du cacao sont exactes et aucun moyen de tenir responsables les autorités pour leur gestion de ces revenus.
“Le gouvernement ivoirien ne peut pas accomplir cela tout seul. Les compagnies exportatrices de cacao ont la responsabilité d’assurer que leurs pratiques sont transparentes et que ces réformes réussissent,” déclare Alley.
Le rapport, Chocolat chaud : comment le cacao a alimenté le conflit en Côte d’Ivoire, peut être consulté dans son intégralité à l’adresse www.globalwitness.org
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Note à l’attention des équipes de rédaction
Global Witness est une organisation non gouvernementale indépendante qui enquête sur les liens entre l’exploitation des ressources naturelles, les conflits et la corruption, et qui mène des campagnes dans ce domaine.
Toutes les publications de Global Witness peuvent être consultées à l’adresse www.globalwitness.org