Le Processus de Kimberley résiste au changement
Un rapport au Conseil de sécurité des Nations Unies, qui sera publié cette semaine, révèle qu'une importante quantité de diamants de guerre pénètre dans le marché légitime des diamants, en provenance de la région de la Côte d'Ivoire qui est sous l'emprise des rebelles. Cela va à l'encontre de l'objectif fondamental du Processus de Kimberley, créé il y a trois ans dans le but de garantir que tous les diamants bruts commercialisés sur la scène internationale ne soient pas des diamants de guerre.
Le Groupe d'experts des Nations Unis sur la Côte d'Ivoire a découvert que les contrôles insuffisants permettent aux diamants de guerre de s'insinuer dans le commerce légitime par l'entremise du Ghana, où ils sont certifiés légitimes, et par l'entremise du Mali. Tout en soulignant le besoin de contrôles internes plus rigoureux dans la région, le Groupe d'experts recommande que les centres de commerce internationaux mettent en place de meilleurs systèmes pour déceler les envois suspects de diamants bruts.
Le Processus de Kimberley complète actuellement une évaluation interne destinée à le rendre plus efficace pour enrayer le commerce des diamants de guerre, mais certains gouvernements opposent une forte résistance à tout changement significatif au statu quo. Plus tôt cette année, des enquêtes effectuées par des ONG plutôt que par le Processus de Kimberley ont dévoilé un important commerce frauduleux de diamants au Brésil et au Guyana. En conséquence, le Brésil a suspendu toutes les exportations de diamants pour plus de six mois. Pour ce qui est du Ghana, l'équipe d'examen du Processus de Kimberley qui a visité le pays en 2005 n'a toujours pas achevé son rapport.
Si le Processus de Kimberley ne parvient pas à démontrer, lors de sa prochaine réunion au Botswana en novembre 2006, qu'il a colmaté les brèches, il risquera de devenir inopérant, selon ce qu'ont dit aujourd'hui Global Witness et Partenariat Afrique Canada.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par les constatations du rapport des Nations Unies, a dit Ian Smillie de Partenariat Afrique Canada, non seulement parce que le Processus de Kimberley a été incapable de cerner le problème comme tel, mais aussi parce que cela démontre que des contrôles gouvernementaux insuffisants à un endroit peuvent tourner en dérision l'ensemble du système. »
« Le Processus de Kimberley doit exiger des contrôles gouvernementaux plus rigoureux et plus complets tout au long du pipeline des diamants afin de garantir que des diamants de guerre ne puissent pas s'infiltrer dans le commerce légitime des diamants », a ajouté Susie Sanders de Global Witness. « Il doit garantir que les gouvernements effectuent des vérifications ponctuelles périodiques chez les sociétés qui font le commerce des diamants bruts, et il doit améliorer son analyse des chiffres relatifs au commerce et à la production. Il faut aussi qu'il y ait un système suffisamment financé de vérifications crédibles indépendantes des négociants et des exportateurs de diamants dans les pays où l'on pratique l'extraction artisanale de diamants. Si on ne parvient pas à s'entendre pour exiger des contrôles gouvernementaux plus rigoureux, avec une meilleure surveillance de l'industrie des diamants, le Processus de Kimberley ne sera pas beaucoup plus qu'un exercice de paperasserie. Le rapport des Nations Unies sur la Côte d'Ivoire en témoigne. »
Partenariat Afrique Canada travaille avec des organisations en Afrique, au Canada et ailleurs pour bâtir un développement humain durable en Afrique. Depuis 1999, Partenariat Afrique Canada a été un chef de file dans la campagne international pour instaurer la bonne gouvernance dans le commerce international des diamants et pour enrayer les diamants de guerre.
Global Witness se concentre sur les liens entre l'exploitation des ressources naturelles et le financement des conflits et de la corruption. Elle est non partisane dans tous les pays où elle opère.
Global Witness et Partenariat Afrique Canada ont été co-nominés pour le prix Nobel de la paix en 2003 pour leur travail dans la dénonciation de la façon dont les diamants alimentent les guerres civiles en Afrique.
Pour plus d'information, veuillez communiquer avec
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Corinna Gilfillan, Global Witness,+1-202-725-8705
Ian Smillie, Partenariat Afrique Canada, +1-613-728-9725
Dorothée Gizenga, Partenariat Afrique Canada, +1-613-697-3180
Communiqué de presse / 9 Octobre 2006