Au moment où la communauté internationale verse des milliards de dollars d'aide à la République démocratique du Congo (RDC), un rapport publié aujourd'hui par Global Witness(2) constate que l'Etat perd d'énormes recettes en raison d'un manque de contrôle épouvantable du secteur minier.
« Ruée et ruine : Le commerce dévastateur des minerais dans le Sud du Katanga en RDC » met en lumière la dynamique de la ruée de l'exploitation du cuivre et du cobalt au sud-est de la RDC. Le rapport montre la manière dont le commerce de minéraux contribue à la ruine de l'économie de la RDC et à la dégradation de son environnement et des moyens de subsistance de milliers de Congolais. La « ruée vers le cobalt » observée actuellement au Katanga en raison des cours record du cobalt sur les marchés mondiaux, rapporte peu à l'économie de la RDC et à la population katangaise.
Lentement, la RDC émerge maintenant d'un conflit dévastateur qui a été en partie alimenté par les énormes richesses issues des ressources naturelles du pays.(3) « Pendant cette période de transition, il est d'une importance capitale que le gouvernement de la RDC et la communauté internationale travaillent ensemble afin de s'assurer que les immenses richesses provenant des ressources de la RDC soit utilisées pour consolider la paix et promouvoir le développement économique, » déclare Corene Crossin, chargée de campagne à Global Witness.
En juillet 2004, le rapport de Global Witness « S.O.S. toujours la même histoire » décrivait la nature et l'historique de l'exploitation des ressources naturelles du pays. A présent, les enquêtes de Global Witness révèlent que la corruption et la contrebande qui continuent dans le Sud de la RDC entraînent chaque mois une perte de millions de dollars de recettes pour le pays, en montrant que ces mêmes facteurs qui ont fait plonger la RDC dans un violent conflit demeurent intacts.
« Ruée et ruine » lance un appel à la communauté internationale des bailleurs de fonds pour qu'ils travaillent ensemble afin de veiller à ce que la RDC puisse commencer à maîtriser plus efficacement les revenus des ressources naturelles. Des initiatives pour combattre la corruption et la contrebande doivent être mises en place si le pays souhaite bénéficier des énormes richesses issues de ses ressources naturelles. « C'est le seul moyen pour que la RDC puisse être capable de maîtriser ses propres richesses et puisse commencer sa réhabilitation économique et sociale, » dit Corene Crossin.
Au lieu de profiter du niveau élevé des cours du cobalt, principalement en raison de la très forte demande de la Chine pour ce métal utilisé dans les batteries des téléphones portables, la situation sociale et économique au Katanga s'est détériorée au cours des dernières années. Dépourvus de sources fiables de revenus, environ 60.000 jeunes hommes et garçons travaillent dans des conditions épouvantables en tant que mineurs artisanaux, ramassant le sol contenant le minerai à la main, souvent pour un montant dépassant à peine un dollar par jour. Par contre, de nouvelles sociétés étrangères profitant largement du commerce et de l'achat du sol minéral fourni par les mineurs, réalisent d'énormes bénéfices en exportant les minéraux à l'état brut vers la Chine et ailleurs.
Le rapport exhorte la communauté internationale à prêter une attention toute particulière à l'exploitation minière au Katanga car les analystes soulignent le danger d'un partage disproportionné entre la population locale de la manne issue de la ruée vers le cobalt qui pourrait réveiller le sentiment séparatiste katangais qui a marqué l'histoire de la région.
« Ruée et ruine » en appelle également au gouvernement de la RDC pour qu'il s'engage fermement à traiter en priorité la transparence, la lutte contre la corruption et la responsabilité financière dans la période précédant les élections présidentielles prévues pour juin 2005.
Contact : Corene Crossin au +44 20 7561 6395 or Emily Bild au +44 20 7561 6381.
Notes du rédacteur :
(1) La République démocratique du Congo (RDC).
(2) Global Witness est une organisation non gouvernementale qui se concentre sur les liens entre l'exploitation des ressources naturelles et les conflits. Elle fut co-sélectionnée pour le prix Nobel de la Paix en 2003.
(3) Les liens entre le violent conflit actuel et l'exploitation des ressources naturelles comme l'or, les diamants, le bois, l'ivoire et le coltan sont largement documentés dans une série de rapports réalisés par un groupe d'experts de l'ONU et publiés entre 2001 et 2003, et également dans de nombreux rapports d'organisations non gouvernementales.
Communiqué de presse / 29 Septembre 2004