Selon un nouveau rapport de Global Witness, le fait que la communauté internationale ne parvienne pas à réformer la gestion des ressources naturelles en République démocratique du Congo (RDC) augmente le risque d'un nouvel enlisement du pays dans la guerre.
"S.O.S. Toujours la même histoire : une étude contextuelle sur les ressources naturelles en RDC" décrit la nature et l'histoire de l'exploitation des ressources dans le vaste pays d'Afrique centrale et montre qu'une réglementation permissive des ressources naturelles est liée au financement du conflit.
Les groupes rebelles, les troupes du gouvernement et leurs alliés étrangers ont utilisé les diamants du pays, l'or, l'ivoire, le coltan et le cobalt pour payer leur participation à une guerre qui a causé la mort de 3,5 millions de personnes depuis 1998 (Corene : et la lutte pour contrôler ces richesses en ressources naturelles a été l'un des motifs principaux de la majorité des combats?) La guerre menace d'éclater de nouveau alors que des milliers de soldats congolais sont déployés dans l'Est de la RDC, ce qui exerce encore plus de pression sur des relations déjà tendues avec le Rwanda voisin.
« Si on veut éviter la guerre et ramener la paix en RDC, il faut traiter le problème des ressources naturelles de toute urgence, » dit Corene Crossin, chargée de la campagne pour la RDC à Global Witness. « La mauvaise gouvernance des ressources est la malédiction du Congo. »
"S.O.S. Toujours la même histoire" montre qu'au siècle dernier, les vastes ressources naturelles du pays n'ont jamais été exploitées de façon à en faire profiter la majorité du peuple congolais. Des habitudes de contrôle militarisé et corrompu des richesses naturelles, qui furent instaurées au XIXè siècle par le roi Léopold de Belgique, ont continué tout au long de l'autorité coloniale belge, sous la dictature de Mobutu et perdurent encore aujourd'hui.
Les liens qui existent entre les ressources naturelles, les mouvements de troupes, le flux des armes, la contrebande et la corruption ont été prouvés dans de nombreux rapports réalisés par les Groupes d'experts des Nations unies et les organisations non gouvernementales. Mais bien que la communauté internationale craigne un retour au conflit généralisé rendu en partie possible par la richesse issue des ressources naturelles, rien n'a été entrepris pour casser ces liens. « Il y a un manque général de volonté politique et il faut changer cela, » affirme Corene Crossin.
"S.O.S. Toujours la même histoire" lance un appel à la communauté internationale pour créer des solutions transfrontalières robustes afin de mettre un terme au pillage des ressources naturelles et de s'attaquer aux carences des réglementations qui le rendent possible. « Si des mesures ne sont pas prises immédiatement, les schémas historiques d'exploitation abusive se répéteront et le pays sera à nouveau plongé dans une guerre dévastatrice. »
Communiqué de presse / 6 Juillet 2004