Le Verdict dans l'affaire Elf reconnaît coupable les accusés mais leur héritage laissera un goá»t amer pour encore longtemps.

Le verdict de culpabilité des trois plus grands cadres supérieurs de l’ancienne compagnie nationalisée Elf est un coup de poing pour la corruption dans le domaine pétrolier mondial. Bien que largement accueilli, le verdict n’effacera pas le douloureux héritage qu’Elf laisse en Afrique: corruption, pauvreté et souffrance.

Le procès a exposé des décennies d’interférence destructive dans plusieurs pays africains de la part d’Elf, cette dernière ayant été privatisée suite à sa fusion avec Total.

Les officiels d’Elf ont corrompu des politiciens, interféré dans des élections et mené des gouvernements dans des emprunts pétroliers ruineux dans le but de protéger les parts de marchés de la compagnie. En finançant les deux camps opposés pendant la guerre civile angolaise, Elf a aidé à prolonger un conflit qui a coûté 1,5 millions de vies et a entraîné un exode massif de la population locale.

Les trois dirigeants les plus importants parmi les 37 qui paraissaient devant la justice (Loik Le Floch-Prigent, Alfred Sirven et André Tarallo) n’ont pas été reconnu coupables de ces chefs d’accusation mais pour avoir détourné de vastes sommes des fonds d’Elf pour financer l’achat de propriétés privées luxueuses, payer leurs maîtresses et profiter d’autres avantages.

Le Floch-Prigent, ancien PDG d’Elf, et Sirven, son bras droit, ont été condamné à 5 ans d’emprisonnement. André Tarallo, le directeur des opérations africaines a été lui incarcéré pour 4 ans.

“C’est une excellente nouvelle que ces escrocs aient été reconnus responsable et ont finalement dû rendre compte de leurs activités” a déclaré Gavin Hayman de Global Witness, le groupe nommé pour un prix Nobel qui se bat depuis de nombreuses années pour exposer le rôle de l’industrie pétrolière en Afrique dans le financement de la corruption et de la guerre civile.(1)

“En même temps, il est triste de voir que les citoyens de pays comme le Congo-Brazzaville et l’Angola, qui ont souffert énormément de l’ingérence d’Elf, n’ont pas l’opportunité d’appeler les coupables à rendre compte devant la justice de leur pays”.


Le verdict met l’accent mondialement sur les risques énormes posés par le manque de responsabilité et la mauvaise gestion acceptée dans les industries minière et pétrolière pour les habitants de pays riches en ressources naturelles mais défavorisés financièrement ainsi que pour la réputation des entreprises.

Si les principales compagnies pétrolières mondiales ne révèlent pas combien d’argent elles donnent aux gouvernements nationaux, il est alors impossible pour les citoyens de pays comme l’Angola et le Congo de savoir où l’argent va et pourquoi il n’est pas investi dans l’intérêt de leurs nations.

“Si les compagnies pétrolières étaient obligées de publier leurs paiements aux gouvernements et si les gouvernements étaient, de leur côté, obligés de révéler les sommes versées par ces compagnies, alors une situation comme celle d’Elf ne pourrait exister” a ajouté Hayman.

“Personne ne prétend qu’Elf était la seule compagnie à se comporter de cette manière. Il est temps pour les gouvernements et les compagnies d’extraction de prendre les mesures nécessaires pour avancer vers la transparence de manière à ne pas répéter ce type de tragédie.”

Veuillez contacter Gavin Hayman ou Sarah Wykes: +44 (0)207 272 6731 ou +44(0)7947 008 580.


Notes:

(1) Initiée en Grande Bretagne en juin 2002 par Global Witness, appuyée aujourd’hui par plus de 130 organisations non gouvernementales, la campagne Publiez ce que vous payez ! vise principalement la publication de façon systématique et transparente par les compagnies extractives (pétrole, gaz et ressources minières), des montants des taxes et redevances de toute nature qu’elles versent aux Etats des pays dans lesquels elles sont présentes. De cette façon, les parlements et les citoyens de ces pays disposeront d’informations, sur la base desquelles, ils pourront suivre l’usage fait de ces revenus et veiller à ce que ceux-ci participent au développement et à la réduction de la pauvreté. Cette plus grande transparence permettra de lutter contre les détournements de fonds, la corruption et l’appropriation illicite des ressources en cause, phénomènes constatés dans de nombreux pays incarnant ce paradoxe richesse en ressources naturelles/pauvreté de la population (Angola, Indonesie, Congo-Brazzaville, République Démocratique du Congo, Nigeria, Kazakhstan, Venezuela, etc.). La coalition Publiez ce que vous payez participe aussi à ‘l’initiative pour la transparence des industries extractives’ (Extractive Industries Transparency Initiative ou EITI), lancée en juin par le gouvernement britannique. La EITI a déjà développé un modèle de publication pour s'assurer que les versements des compagnies extractives sont bien encaissés par le Trésor Publique. (Pour plus d’information sur la EITI).