De nouveaux documents consultés par Global Witness révèlent que le gouvernement de la République démocratique du Congo tente actuellement de modifier le classement de vastes étendues faisant partie de deux sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO – les parcs nationaux de la Salonga et des Virunga – pour permettre le lancement d’activités d’exploration pétrolière.
Une activité pétrolière dans ces parcs nationaux protégés
aurait des conséquences catastrophiques sur leurs écosystèmes uniques, mettant
en danger plusieurs espèces rares et emblématiques, outre le fait qu’elle porterait
atteinte à la Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO, dont la RD Congo est
signataire. Il faut immédiatement mettre un terme à ces nouvelles mesures
visant l’ouverture des parcs.
Une commission spéciale de ministres et de fonctionnaires de la République démocratique du Congo s’est réunie le 27 avril pour faire adopter des plans visant à redessiner les délimitations des parcs de la Salonga et des Virunga, ce qui aurait pour conséquence de supprimer le statut de protection des zones couvertes par les permis pétroliers. L’invitation à la réunion de ce groupe interministériel, judicieusement nommé ECOFIRE (Commission interministérielle permanente sur l’économie, les finances et la reconstruction), qui a eu lieu vendredi dernier, ne mentionne qu’un seul point à l’ordre du jour : le déclassement des parcs nationaux de la Salonga et des Virunga.
« Si l’on n’arrive même plus à protéger des sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO d’une exploration pétrolière, où dans le monde peut-on encore être à l’abri de l’industrie des combustibles fossiles ? Le préjudice potentiel pour ces écosystèmes rares et précieux est énorme. Le gouvernement congolais devrait chercher à étendre la protection de ces zones, au lieu de les vendre au plus offrant », a déclaré Pete Jones de Global Witness.
Parmi les documents connexes consultés par Global Witness figurent des lettres signées par le ministre congolais des Hydrocarbures, dans lesquelles il fait valoir la nécessité d’ouvrir ces sites protégés à l’exploration pétrolière ; ces lettres présentent également le cadre juridique selon lequel cette démarche pourrait être tentée. Les propositions ne tiennent aucun compte des engagements qu’a pris la RD Congo envers l’UNESCO et sont incompatibles avec le statut de Patrimoine mondial des parcs.
En février, le Président congolais Joseph Kabila a autorisé des activités d’exploration à l’intérieur de blocs pétroliers qui chevauchent partiellement la Salonga. Le parc de la Salonga abrite près de 40 % de la population mondiale de bonobos, tandis que celui des Virunga constitue un habitat vital pour de nombreuses espèces protégées, notamment les hippopotames, les éléphants et certains des derniers gorilles des montagnes au monde.
En 2015, Soco International, société pétrolière cotée à la bourse de Londres, a obtenu une licence lui permettant de mener des activités à l’intérieur des Virunga. La société a dû faire face à une opposition locale et internationale concertée du fait de ses opérations. À la mi-2015, Global Witness a publié des chèques montrant que Soco avait versé des dizaines de milliers de dollars à un officier militaire congolais accusé d’avoir commis des actes de corruption et d’avoir recouru à la violence pour faire taire les opposants à l’exploration pétrolière dans le parc. En novembre 2015, Soco a annoncé qu’elle ne détenait plus son bloc dans les Virunga.
Le gouvernement congolais doit immédiatement mettre fin à toute tentative visant à déclasser les parcs nationaux et les sites de l’UNESCO. Il devrait également publier l’intégralité des contrats signés avec des sociétés pétrolières ainsi que les détails de tout paiement qu’il a reçu dans le cadre de ces contrats.
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