Communiqué de presse / 8 Mai 2012

Glencore « devrait s’expliquer sur des contrats potentiellement corrompus au Congo », affirme Global Witness

Global Witness appelle aujourd’hui la compagnie Glencore à s’expliquer sur des contrats potentiellement corrompus qu’elle a conclus en République démocratique du Congo, et lui demande instamment de fournir de plus amples détails sur les relations qu’elle entretient avec un homme d’affaires israélien qui joue un rôle clé dans les investissements miniers considérables de la compagnie dans ce pays. Ces préoccupations, présentées en détail dans un document d’information à l’attention des actionnaires de Glencore, sont publiées le jour où la compagnie tient sa première assemblée générale en tant que société cotée en bourse.

Depuis 2010, un certain nombre de compagnies offshore associées à Dan Gertler, homme d’affaires et ami du Président congolais Joseph Kabila, ont secrètement acheté à l’État des parts dans plusieurs mines, à un coût très inférieur aux estimations commerciales de leur valeur. Les mines ont été vendues sans faire l’objet d’un processus d’appel d’offres ouvert et des détails limités n’ont été publiés que longtemps après la cession des actifs.

Une fois ces actifs en leur possession, au moins deux des compagnies offshore ont réalisé un bénéfice colossal en en revendant des parts peu de temps après. D’autres de ces compagnies sont en outre appelées à en dégager des bénéfices en collectant des revenus miniers.

Le gouvernement congolais s’est servi d’une partie des recettes minières réalisées en 2011 pour couvrir des coûts liés aux élections de 2011, lesquelles ont reconduit le Président sortant Joseph Kabila à la tête du pays. Les scrutins ont été condamnés par des diplomates et des observateurs électoraux internationaux estimant qu’ils avaient été entachés d’erreurs et ont été marqués par des meurtres commis par les forces de la sécurité gouvernementales.

M. Gertler et Glencore ont remis en cause les faits présentés par Global Witness dans le document d’information, leurs avis étant reflétés dans la note. Un porte-parole de M. Gertler a remis en question les évaluations commerciales de certaines des mines concernées, tandis que des représentants de Glencore et de M. Gertler nient catégoriquement jouer un rôle quelconque dans des actes de corruption au Congo.

« Les affaires que mène Glencore au Congo sont intimement liées à un ami controversé du Président », a commenté Daniel Balint-Kurti, chef de campagne RDC pour Global Witness. « Dans un pays doté d’une vaste richesse minière que l’ONU a pourtant classé comme étant la nation la moins développée du monde, la compagnie doit à ses actionnaires et, surtout, au peuple congolais, une explication sur l’identité exacte des propriétaires actuels des ressources naturelles du pays. »

M. Gertler est un intermédiaire clé qui a permis à Glencore d’acquérir des parts dans des actifs miniers congolais. Il est également partenaire de trois projets miniers au Congo dans lesquels Glencore a acquis des parts dont la valeur collective est estimée à 4,6 milliards de dollars US. Lorsqu’ils seront entièrement développés, deux de ces projets, les mines de Kansuki et de Mutanda, devraient permettre d’accroître la production mondiale de cobalt d’au moins 40 % et la production de cuivre du Congo d’environ 40 % (par rapport aux chiffres de production de 2011).

Global Witness demande à Glencore et à M. Gertler de publier la liste complète des actionnaires de toutes les compagnies offshore impliquées – information qui, pour l’instant, est tenue secrète. Global Witness estime qu’il est possible que des agents du gouvernement congolais ou leurs intermédiaires fassent partie de ces actionnaires.

« La richesse en ressources naturelles du Congo devrait bénéficier à l’ensemble du pays », a commenté Daniel Balint-Kurti. « Pourtant, des contrats extrêmement rentables sont en train d’être conclus au Congo par des compagnies offshore sécrètes et des multinationales; ces contrats rapportent des clopinettes à l’État congolais et nous sommes fortement préoccupés par le fait que la population congolaise se retrouve ainsi privée de milliards de dollars. »

Le comportement de Glencore, numéro un mondial du négoce de matières premières, contribue à établir la norme selon laquelle les compagnies de ce secteur opèrent à travers le monde. Glencore se targue de « n’aider aucun tiers à enfreindre la législation d’un pays quel qu’il soit, ni de payer ou de recevoir des pots-de-vin, ni encore de s’adonner à toute autre pratique criminelle, frauduleuse ou corrompue ».

« Il incombe désormais à Glencore de joindre les actes à la parole et de démontrer qu’elle est disposée à rendre publics les détails de ses marchés qui ont été conclus dans le secret », a déclaré Daniel Balint-Kurti.

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Notes à l’intention des équipes de rédaction :

Contact : Daniel Balint-Kurti, +44 (0) 207 492 5872 et +44 (0) 7912 517 146

  1. Téléchargez la note d’information pour l’attention des actionnaires de Glencore
  2. Télécharger les questions/réponses de Global Witness relatives au scandale des ventes secrètes
  3. Le rapport de Global Witness sur Glencore, ses investissements au Congo et ses liens avec Dan Gertler peut être consulté sur le site anglais : http://www.globalwitness.org/secretsales. Vous trouverez aussi sur le site anglais une rubrique de « questions/réponses » sur le scandale des « ventes secrètes », ainsi que les questions écrites adressées par Global Witness à Glencore et aux représentants de M. Gertler et les réponses de Glencore et M. Gertler.